Né en 1982 sur le chemin du Cambodge vers la France, San-Seyha grandit dans un monde qu’il découvre avec les yeux de l’ailleurs. Son esprit aiguisé se heurte vite à la richesse d’une langue, française, dont il sera le premier transmetteur dans sa famille. Curieux et passionné, il exerce dans plusieurs domaines artistiques. L’écriture lui fait rencontrer la musique, à laquelle son histoire le ramène à plusieurs moments-clefs de son parcours.

Entre 2002 et 2015, San-Seyha est actif dans plusieurs projets qui donneront lieu à près de 500 concerts – en France et à l’étranger (Lituanie, Pologne, Kazakhstan , Kirghizistan) – ainsi qu’à 3000 disques vendus. Ses influences musicales à cette époque sont un métissage de scansion, de mu- sique du monde, de rap et de chanson de rue. Dès ses débuts, San-Seyha oriente son processus de création à destination des publics les plus divers (mineurs isolés, migrants, détenus…) et collabore avec des institutions et associations culturelles.

2018 déclenche un retour aux origines : d’un boule- versement intime, San-Seyha va tisser une trame, écrite d’abord et qui fera chrysalide. Inventé-Printemps naît, se déploie et forge la rencontre avec Ostax (compo- siteur lyonnais) et Pamela Badjogo (chanteuse franco-gabonaise). La quête identitaire de départ devient plus solaire, pré-texte à la rencontre, au partage, à la reconnaissance.

Le projet Inventé-Printemps, à l’image de l’esprit de San-Seyha, bouillonne d’inventivité et de créativité. D’un ensemble de textes silencieux, il se mue en projet musical / spokenword, en chant, puis en collaboration avec l’imaginaire d’Eve Hennequin, illustratrice lyonnaise. Parallèlement à cela, San-Seyha structure son cheminement pour en tirer un objet de transmission : ses ateliers d’écriture s’adressent en majorité à des adolescents, pour certains eux-mêmes en situation d’exil.

Reconnaître l’Autre en soi et trouver de soi en l’Autre. On pourrait résumer ainsi ce qui ressort de l’univers textuel de San-Seyha, univers somme toute poétique bien que porté par un medium qui se veut ouvert à tous. L’interrogation sur les frontières – intérieures ou extérieures -, sur ce qui anime l’Humain en nous, trouve son écho dans la forme musicale elle-même : complexe à “dé- finir”, la musique, plus qu’elle ne métisse, fait co-exister plusieurs univers, difficiles à référencer. Chanson, musique électro, musique du monde : la fusion des références a raison, elle aussi, des carcans abolis.